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Delaurenti, Béatrice, La puissance des mots - «Virtus verborum»: débats doctrinaux sur le pouvoir des incantations au Moyen Âge, préface par Alain Boureau, París, Éditions du Cerf (Cerf Histoire), 2007, 579 pp.
- Resum
- Les mots ont-ils un pouvoir ? La question était en débat dans l'Europe médiévale. On s'est interrogé sur l'origine divine, démoniaque ou peut-être naturelle de la « virtus verborum », la puissance des mots, et en particulier sur le pouvoir des incantations. L'incantation pouvait-elle avoir une cause naturelle et, dans ce cas, était-elle une pratique licite ? Des théologiens, des philosophes, des médecins de renom ont soutenu l'idée d'une efficacité non démoniaque de la parole humaine, une efficacité naturelle. On trouve ainsi, dans les textes doctrinaux de l'époque scolastique, une ample matière pour reconstituer la naissance et l'histoire d'une interprétation des incantations que l'on pourrait dire naturaliste. La notion même de « virtus verborum » trouve une première formulation dans les années 1230-1270 par la voix du franciscain Roger Bacon ; celui-ci contredit l'interprétation théologique de l'incantation qui faisait la part belle aux pouvoirs des démons. De 1280 à 1348, la question du pouvoir des mots prend une tournure plus spécifiquement médicale, elle est portée par les réflexions des médecins Pietro d'Abano et Gentile da Foligno. Après 1350, le théologien et homme de science Nicole Oresme analyse la « virtus verborum » de façon résolument rationaliste ; il confère à l'interprétation naturaliste des incantations sa forme la plus étendue et la plus aboutie. Mais au début du XVe siècle, le chancelier Jean Gerson déclare son hostilité à l'encontre de la notion d'incantation naturelle et revient à l'interprétation démoniaque : le débat est clos. Les discussions sur la « virtus verborum » renaîtront plus tard, à l'époque moderne. Les débats médiévaux sur les incantations représentent un moment à part dans l'histoire intellectuelle du Moyen Âge. Entre le début du XIIIe siècle et la fin du XIVe siècle, la réflexion sur la virtus verborum aura dessiné une parenthèse naturaliste au sein d'un contexte radicalement autre, celui d'une société préoccupée par les démons et leur possible intervention dans les affaires des hommes.
Table des matières:
-- Introduction
-- Première partie. L'incantation au Moyen Âge: chronologie, sources et enjeux d'une controverse
* 1. - Les acteurs du débat. La « virtus verborum » à l'époque scolastique (XIIIe-XVe siècle)
* 2. - Au centre du débat, les pratiques d'incantation
* 3. - Cadres conceptuels : « Magia », « natura», « verba »
-- Deuxième partie. Prémicesde la « virtus verborum » (1220-1280)
* 4. - La « virtus verborum » de Roger Bacon
* 5. - Incantations et démons dans la théologie scolastique du XIIIe siècle
* 6. - Incantation licite, incantation naturelle : mise en place d'une notion (1240-1308)
-- Troisième partie. Médecine et incantation, une ambition naturaliste (1280-1348)
* 7. - Prudence et réticences des médecins
* 8. - La médecine et les démons
* 9. - L'incantation comme phénomène naturel
-- Quatrième partie. Épanouissement et clôture du débat (1350-1402)
* 10. - Oresme ou les démons inutiles
* 11. - Oresme et le pouvoir naturel des mots
* 12. - Jean Gerson ou la fin de l'incantation naturelle
-- Conclusion
- Matèries
- Màgia - Màgia natural
Màgia - Màgia astrològica Màgia - Màgia religiosa
- Notes
- Fitxa de l'editor (amb sumari extens): http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre. ...
Recensions:
* Katelyn Mesler, a Médiévales: Langue, Textes, Histoire, 57 (2009), 165-167, en accés lliure a http://medievales.revues.org/5821
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